4. Sciroccu
La photographie a longtemps été définit par la certitude d’une absence, effective ou anticipée, dont il nous faudra restituer un spectre d’intensité, très inspiré par le registre de l’image reliquaire, miraculeuse et l’image achiropoïète, justifié par les théories de l’optique. Quand vient la prise, la suspension de matière vaut comme une fixation, d’un corps de chair en un corps en particules fines ; puis la donnée fera se poser la question de ce contact jusqu’à avancer la fin d’un processus. Or, comment penser cette absence dans une culture pensant le monde par croisement des plans : celui des vivants et des morts ?
D’autant que la question de la visibilité en Corse n’est pas à éloigner de la pensée mazzerique : une forme de chamanisme corse issu du culte des morts. Si aujourd’hui on pense le mazzerisme à travers les chasses nocturnes rêvées ou somnambuliques de personnages passeurs dotés d’une hypersensorialité, il n’est pas à séparer de la pensée de l’ochju, dont la guérison par les signadori aura dépendu de pouvoirs chamaniques désormais séparés. Car dans l’ochju (le mauvais œil), c’est la pensée d’un pouvoir qui survit dans le sort de la jettatura (une amplification de l’ochju), la pensée d’une puissance dans la visibilisation.
Ici, cette pensée est étudiée à travers a petra uchjata (la diorite orbiculaire) dont le gisement se situe à Santa Lucia d’Attallà près de mon village au gisement quasi-épuisé par pillage. Regardons cette pierre où germent les yeux pers, le glaukós d’Athéna, l’éclat rayonnant, et questionner la puissance du regard dans une culture magique. Des mazzeri qui verraient dans l’ultraviolet pour les hommes et ce qui est caché pour les femmes, à la lecture des yeux qui se forment dans l’huile après le sort. À notre tour d’étudier l’autre côté du spectre du visble.
«L’œil d’Athéna est l’œil qui éclaire et resplendit. C’est pourquoi lui appartient, comme un signe de ce qu’elle est, la chouette, ή γλαύζ. Son œil n’a pas seulement l’ardeur de la braise, il traverse aussi la nuit et rend visible ce qui serait, autrement, l’invisible»
Martin Heidegger
« La photographie, sans geste et sans mot, par le seul effet de la lumière, accomplit une opération eucharistique non sacramentelle, puisqu’elle peut se passer des mots transformateurs et montrer le corps et le sang. Les yeux du croyant vont communier avec elle et être dessillés par elle. […] La pensée magique ne cesse d’opérer par équivalence de l’image et du mot, d’un faire consubstantiel à un dire. Telle est la magie du désir. L’appareil photographique agit sans mot, comme une formule magique, un abracadabra mutique qui produit de l’abracadabrant muselant. »
Marie-José Mondzain
Prupià / 2021
Photographie vidéoprojetée, format variable
Sciroccu / 2022
Tirages C-Print deep mat, 24x30cm, encadrement
“U Sciroccu est un vent chaud du Sud et Sud-Ouest provoquant un dépôt de particules poussiéreuses, limons et argiles aux couleurs jaune rosé venues du Maghreb. Un vent du recouvrement, qui embaume les formes et les corps, saisis dans leur immobilité. Un vent qui laisse sa trace, une pellicule que l’on peut toucher pour écrire ou dessiner sur la surface lisse d’un capot de voiture ; ou alors la souffler, participer aux derniers élans de son déplacement. Ce vent comme un transfert de particules de lieu en lieu, le fantôme d’un climat venu d’ailleurs, d’un autre temps, d’un autre lieu. Ce vent qui vous frôle douloureusement le visage, qui allume le feu dans la nuit, générant de nouvelles particules cette fois de couleur cendrée. Ce vent qui noirci nos muqueuses, nos mouchoirs et agite nos nuits sur des draps trempés. Ce vent qui efface les ombres, les formes,un regard droit vers le Soleil. Chaque surface est brûlante, intouchable, sott’à a sciappitana. Alors, comment capter ce qui constituerait une immatérialité, la nôtre, endémique, forgée par un principe insulaire, notre spiritualité, nos croyances, nos mythes et nos langages, les regards, les voix, et l’intonation qu’on leur prête, cette violence séculaire, si ce n’est en prélevant la couverture poussiéreuse qui forme les contours de ces signes latents.
U Sciroccu a tracé le chemin qui dispersera au siècle dernier nos anciens, prenant la direction de Marseille, Nice, Toulon à la recherche d’un avenir loin du travail paysan, servir l’administration d’une nation coloniale, garnir les lignes de front et les bagnes, chjamati à u macellu pour une cause qui leur était inconnue. Et ils sont revenus dans le silence retrouver une vie de labeur tandis que les corps abritaient les blessures invisibles conséquences des armes au chlore et de la grippe mortelle venue d’Amérique. Le râle de leur souffle, l’épuisement de leurs voix, avant l’effondrement. Ce silence, nous n’avons pu que l’interpréter, le voir se déposer au sol en une membrane opaque, insaisissable, que nous n’osions toucher par peur de la déformer, hantés d’une réalité indésirable, alors nous l’avons repoussée. Comment prélever ces dépôts, pourrions-nous y entendre les voix et souvenirs de l’au-delà de la mer, ces récits que ne nous n’avons jamais su écouter, forgées dans la chaleur aride du Maghreb, et pourtant si familières : y sommes-nous à portée ? En famille, on parle des retombées du Cesium 137 des Gerboises et autres essais de bombes A qui nous parviennent depuis Reggane. Nous respirons les germes de conflits passés, ces réminiscences particulaires, par intromission, que nous ingérons pour intégrer la cyclicité du temps et se confronter à sa propre répétition.”
Glaukos#1 / 2024
Tirage C-Print deep mat 30 x 40 cm, encadrement noir
Glaukos#2 / 2024
Ensemble de vidéos infrarouges, boucles, installation
Glaukos#3 / 2024
Tirage jet d’encre 60 x 80 cm, encadré
« Ce regard préalable qui porte l’art a besoin de l’illumination. D’où pourrait-elle être accordée à l’art, sinon de la part de la déesse [Athéna] qui, comme πολύμητις (polúmētis), comme la conseillère aux multiples ressources, est en même temps γλαυκηπις (glaukops) ? L’adjectif γλαυκός (glaukós) désigne l’éclat rayonnant de la mer, des astres, de la lune, mais aussi le chatoiement de l’olivier. L’œil d’Athéna est l’œil qui éclaire et resplendit. C’est pourquoi lui appartient, comme un signe de ce qu’elle est, la chouette, ή γλαύζ. Son œil n’a pas seulement l’ardeur de la braise, il traverse aussi la nuit et rend visible ce qui serait, autrement, l’invisible. »
Tirages C-Print deep mat, 24x30cm, encadrement
“U Sciroccu est un vent chaud du Sud et Sud-Ouest provoquant un dépôt de particules poussiéreuses, limons et argiles aux couleurs jaune rosé venues du Maghreb. Un vent du recouvrement, qui embaume les formes et les corps, saisis dans leur immobilité. Un vent qui laisse sa trace, une pellicule que l’on peut toucher pour écrire ou dessiner sur la surface lisse d’un capot de voiture ; ou alors la souffler, participer aux derniers élans de son déplacement. Ce vent comme un transfert de particules de lieu en lieu, le fantôme d’un climat venu d’ailleurs, d’un autre temps, d’un autre lieu. Ce vent qui vous frôle douloureusement le visage, qui allume le feu dans la nuit, générant de nouvelles particules cette fois de couleur cendrée. Ce vent qui noirci nos muqueuses, nos mouchoirs et agite nos nuits sur des draps trempés. Ce vent qui efface les ombres, les formes,un regard droit vers le Soleil. Chaque surface est brûlante, intouchable, sott’à a sciappitana. Alors, comment capter ce qui constituerait une immatérialité, la nôtre, endémique, forgée par un principe insulaire, notre spiritualité, nos croyances, nos mythes et nos langages, les regards, les voix, et l’intonation qu’on leur prête, cette violence séculaire, si ce n’est en prélevant la couverture poussiéreuse qui forme les contours de ces signes latents.
U Sciroccu a tracé le chemin qui dispersera au siècle dernier nos anciens, prenant la direction de Marseille, Nice, Toulon à la recherche d’un avenir loin du travail paysan, servir l’administration d’une nation coloniale, garnir les lignes de front et les bagnes, chjamati à u macellu pour une cause qui leur était inconnue. Et ils sont revenus dans le silence retrouver une vie de labeur tandis que les corps abritaient les blessures invisibles conséquences des armes au chlore et de la grippe mortelle venue d’Amérique. Le râle de leur souffle, l’épuisement de leurs voix, avant l’effondrement. Ce silence, nous n’avons pu que l’interpréter, le voir se déposer au sol en une membrane opaque, insaisissable, que nous n’osions toucher par peur de la déformer, hantés d’une réalité indésirable, alors nous l’avons repoussée. Comment prélever ces dépôts, pourrions-nous y entendre les voix et souvenirs de l’au-delà de la mer, ces récits que ne nous n’avons jamais su écouter, forgées dans la chaleur aride du Maghreb, et pourtant si familières : y sommes-nous à portée ? En famille, on parle des retombées du Cesium 137 des Gerboises et autres essais de bombes A qui nous parviennent depuis Reggane. Nous respirons les germes de conflits passés, ces réminiscences particulaires, par intromission, que nous ingérons pour intégrer la cyclicité du temps et se confronter à sa propre répétition.”
Glaukos#1 / 2024
Tirage C-Print deep mat 30 x 40 cm, encadrement noir
Ensemble de vidéos infrarouges, boucles, installation
Glaukos#3 / 2024
Tirage jet d’encre 60 x 80 cm, encadré
« Ce regard préalable qui porte l’art a besoin de l’illumination. D’où pourrait-elle être accordée à l’art, sinon de la part de la déesse [Athéna] qui, comme πολύμητις (polúmētis), comme la conseillère aux multiples ressources, est en même temps γλαυκηπις (glaukops) ? L’adjectif γλαυκός (glaukós) désigne l’éclat rayonnant de la mer, des astres, de la lune, mais aussi le chatoiement de l’olivier. L’œil d’Athéna est l’œil qui éclaire et resplendit. C’est pourquoi lui appartient, comme un signe de ce qu’elle est, la chouette, ή γλαύζ. Son œil n’a pas seulement l’ardeur de la braise, il traverse aussi la nuit et rend visible ce qui serait, autrement, l’invisible. »
Martin Heidegger
Ochju / 2024
Tirage C-Print deep mat 30 x 40 cm, encadrement noir
Gorgo / 2024
Photographie infrarouge, tirage jet d’encre, 41x 80 cm
“U Sciroccu fait revêtir à ochjata son double sens, à la fois éclaircie et coup d’œil : c’est quand vient ce vent caniculaire que le soleil se recouvre d’un voile diaphane, c’hè solionu, une chaleur sans nuage dont l’air dense et trouble provoque des difficultés respiratoires, une affaire de souffle, de [pneuma]. Car ce vent est affaire de la respiration, du corps, du regard, que l’on voile, de l’exhalation ignée. Tant de regards qui errent et ne savent plus où se fixer. Alors, loin du feu mais toujours proche, je regarde alors pierre polie qui brille depuis la cheminée, et qui me regarde à son tour de mille œils différents, plongés dans l’obscurité, d’un éclat rayonnant qui transperce le corps. Sta petra uchjata, au nom des orbites qui se dessinent depuis cette surface noire, son gisement de Campulaghju qui porte le nom de Sainte, celle protectrice des yeux au nom de lumière, a Lucia d’Attallà. Cette pierre synaugique qui nous regarde depuis le monument aux morts de la place du village, comme si elle était encore en poste, à l’affût, ou depuis le palais des Médicis. Face à elle, le sentiment d’être figé, obscurcit, dans l’écoulement, devenir à notre tour image, leur pupille mouvante, comme les gouttes l’huile dans l’assiette d’a signadora.
Prosopon / 2024
Photographie, tirage jet d’encre, 120 x 180 cm
“Quelle mesure donner aux mouvements de notre vie face aux millions, peut-être milliards, d’années de ces yeux pers qui ne se fermeront jamais, de cette assemblée d’anonymes pétrifiés qui se cachent, leur regard ne vacille jamais, comme une gorgone ou un basilic. Il est droit, fixe, implacable, il nous charge de la culpabilité de leur disparition en même temps leur sortie de la terre, leur pupille brûlée dans une lumière qu’ils avaient oublié, en attente de l'oracle. Ces êtres inachevés, encore informes, ils sont peut-être eux-mêmes envieux, jaloux de mon corps, ceux qui regarde de leurs yeux qui portent loin comme Cassandre, figés dans le silence.
Qui voit, qui regarde ? Alors je fais face à travers ce noir voilé, encore, dans la réciprocité impossible du regard, dans ce système stigmatique rompu, un œil pers pour un œil rouge, dans un champ de l’optique qui dépasse les frontières de l’être optique. Et comme face au loup, on reste muet. J’intègre cette parcelle infinie de temps, je m’y insère pour n’occuper que la place que l’on m’y accorde : un rien, proche du zéro sans jamais l’atteindre, un moment figé, avant de devenir à mon tour, comme le dépôt de lumière sur la gélatine du film, incontestablement, poussière ; porter, désormais, l’odeur du temps.”
Dyptique, tirage jet d’encore, 18x24 cm, encadré
Mezzaru / 2024
Voile en mousseline noir suspendu, installation (image générative de préparation)
Colomba/ 2024
Tirage UV sur verre, 10x15 cm,
crédit: fond Joseph Moretti
U mezzaru, ou mezzeru, de l'arabe مئزار mi’zar, “vêtement”, désigne le voile noir, généralement en mousseline, qui était utilisé par les femmes pour se couvrir la tête et les épaules. Il fait parti des nombreux vêtements de femme traditionnels corses de voilement : hérité d’a faldetta (jupe longue relevé sur la tête en forme de voile, d’abord d'un bleu turc puis utilisé pour le deuil), qui donnera plus tard également u scialu (le fichu), u mandile di capu (fanchon) et a viletta (voilette). Il était souvent utilisé en signe de deuil. Mais à partir de Prosper Mérimée et sa célèbre Colomba, viendra la création d’un imaginaire de la corse porté par des “types corses” dans a cartulina (carte postale), dont les inspirations directes sont François Antoine Bonelli, dit Antoine Bellacoscia, et Colomba Carabelli, inspirant Mérimée.
Ce tissu nous questionne de deux manière : la place de la femme dans la culture corse par tous les rites d’accompagnement et de lamentation funèbres, par u voceru, la lamentation funèbre improvisée par les femmes devant le mort, a strappa, l'énonciation de la déchirure, et u caracolu. Des penseurs.ses de la Corse verront dans a vindetta (vengeance rituelle) la continuité d’un culte des morts, qu’atteste notamment toutes les phases rituelles et symboliques de l’attacatta (au rimbeccu (appel et rappel symboloques). La femme, à son insu ou à son appel, est donc au centre de la pensée de la vindetta : victime par le fait d’attacar a donna, le ait d’attaquer la coiffe (scuffia) ou le visage d’une femme sur la place publique qui correspond à un viol symbolique et la laisse déshonorée (sfacciatta), ce qui vaut très souvent comme une déclaration de vindetta, et porteuse de la colère du mort par u rimbeccu.
Le lien entre le voile et l’image ainsi que leur effectivité relationnelle seront particulièrement étudiés par Martin Heidegger et Marie-José Mondzain : le premier dans la pensée de l’alétheia grecque avec le dé/voilement comme effectivité ontologique de l’être, la seconde comme relation à l’infigurable dans la pensée incarnationnelle chrétienne jusqu’à l’héritage de la puissance reliquaire des images achiropoïètes sur la photographie. Et face à ce paradoxe entre hypervisibilisation imaginaire de la carte postale et le voile comme anonymisation, comment se place l’image aujourd’hui ? Guardati, si u Sole un'ti tocca, ù mio piombu ti tocchera (Prends garde à toi, que si le soleil ne touche pas, mon plomb lui te touchera) : le discours autour de la violence en Corse est bien celle de la question du regard, u sguardu, encore une fois. Faisons le lien rituel et symbolique du voilement, à la fois profane celui des femmes, sacré celui des confréries, et miliants ceux des militants du Front, et leur effectivité respective.
Mizar / 2024
Installation, tirage transparent 60x70cm cm encadré rétroéclairé par une torche sur pied
Mizar est le nom de l'étoile à présent approuvé par l’Union astronomique internationale (UAI). Il provient de l’arabe مراقّ الدبّ الأكبر Marāqq al-Dubb al-Akbar (« le Bas-ventre du Grand Ours »), qui s’inscrit dans le cadre de la représentation grecque reprise par les astronomes arabes au IXe siècle. Arriver de ce nom à Mizar résulte de la combinaison de deux phénomènes. Le premier est une explication erronée du philologue Joseph Juste Scaliger (1579) qui voit de façon curieuse dans le terme mirac utilisé par Gérard de Crémone pour décrire la situation de cette étoile, l’arabe مئزار mi’zar, « vêtement », ce qui est repris comme un autre nom de ε UMa, à côté deMirach dans l’Uranometria de Johann Bayer (1603). Le second est le déplacement injustifié de ce nom vers ζ UMa par Johann Elert Bode dans son Uranographia (1801). C’est après lui que ce nom pour ζ UMa passe dans les catalogues du XIXe siècle et, relevé par Richard Hinckley Allen17, il finit par s’imposer au détriment des autres formes.
Pensons alors, encore dans la pensée magique, que le rituel pour enlever l’ochju se fait lors de la veillée de Noël, au solstice, mais entrer dans le monde magique n’est pas sans risque : le ou la candidat.e mourra avant son initiateur.ice s'il ou elle manque de fatigue ou est assoiffé.e : nè settu nè sonnu (ni soif ni sommeil). Roccu Multedo nous fait le récit d'un homme disant qu'il fallait pouvoir compter les étoiles : “on doit, avant la récitation (de la prière contre le mauvais œil) compter treize étoile en commençant par la Grande Ourse. De toute façon, à Paris, on ne voit jamais les étoiles ” (M. Angelo Rinaldi).
Cette réciprocité constellatoire des yeux qui se forment dans l’assiette et des étoiles dans la nuit nous questionne quant à la puissance du regard dans la pensée magique corse. Dans cette image de Mizar, le spectateur fait face directement à ces “trous” dans le tirage faisant parvenir directement la lumière provenant de la torche, questionnant les propres conditions d’activation de son regard, sa propre puissance .
Installation sur tv cathodique, vidéo sonore, 18min28 |
Une radio libre Radio Corse internationale R.C.I. émettait depuis Monte Capanne à l'île d'Elbe, territoire de la Sardaigne. La première émision a lieu le 26 octobre 1979 à midi, et Radio Corse Internationale émet sur 88 MHz puis sur 95 MHz, créée à l'initiative du journaliste Aimé PIETRI (correspondant AFP, RMC, RTL et France Soir), fondateur de l'hebdomaire Kyrn et de José STROMBONI. Le gouvernement français tente de faire saisir la “Radio FLNC” par les autorités italiennes, mais celles-ci refusent d'intervenir, laissant RCI émettre sans inquiétude. Le 31 octobre 1979, le domicile d'Aimé PIETRI est plastiqué. Le 27 janvier 1980, la radion suspend ses programmes à la demande de l'administration des Postes de Florence (Italie). .
“Quelques jours après les premières émissions d'octobre, écrit l'historien Didier Rey dans son Jalons pour une histoire de la Corse, l'appartement d'Aimé Pietri était plastiqué alors que, le 14 août 1980, un commando de barbouzes dynamitait l'émetteur elbois. Cela n'empêcha pas RCI de reprendre bientôt ses émissions, d'autant que le gouvernement italien opposa une fin de non-recevoir aux autorités françaises qui demandaient la saisie du matériel.”
Un commando français parti de la base d'aspretto a fait sauter l'émetteur d'RCI qui émettait aussi les radios italiennes. L'état italien comndrend et négocier le passage des bateaux notamment les petroliers par les Bouches de Bunifaziu pour ne plus contourner la Sardaigne, interdit à cause des risques pour cette réserve de marée noire. À partir de 1981 les radios libres ont été autorisées, et le 22 juin 1981, elle installe un 2ème émetteur sur 91,3 MHz. Elle émet de 7h à 22h et tire ses ressources de la publicité. La gauche a voulu interdire à nouveau les Bouches au trafic maritime, mais la pression des lobby l'a fait échouer. Officiellement la France n'a pas reconnu son rôle dans la destruction de l'émetteur. Le 18 novembre 1980, les émissions reprennent et RCI installe un deuxième émetteur en juin 1981. Elle diffuse alors de 7h à 22h mais ne sera jamais autorisée. Puis finalement rachetée par Radio Nostalgie. En mars 2021, RCI est réapparue, cette fois-ci sous la forme d'une web-radio Radio Corsica international lancée par Auguste Cacra, un ancien de la station.
Cette installation fait donc faire face sur une même télévision l’absence d’image comme mode de répression, et le conflit de fréquence sur celle de l’actuel Corsica Radio (107.2) issu d’un conflit politique historique témoigant d’une volonté militante de contestation.
« Comme pour accentuer cette atmosphère d’inquiétante étrangeté, la famille allume des bougies autour du défunt et clôt les volets de sa demeure pour que le jour n’y pénètre pas. On a aussi fermé les yeux du mort pour qu’il ne puisse pas regarder ses parents sans les voir, deviner leurs secrets qui ne peuvent plus se garder puisqu’ils sont « re-gardés « par ce mort. En effet, la plupart des insulaires croient au don de double vue de ceux ayant perdu la vision des choses terrestres. D’où la précaution supplémentaire de voiler les miroirs, et toutes les surfaces réfléchissantes, afin de faciliter le départ du spirdu, double de l’âme, qui risquerait de se prendre dans les reflets de ces miroirs. » (M.-J. LOVERINI, 2012)