TUTTU   PRUGHJETTI    WIP    RICERCA   U SCODDU

Fucilu cintu, convoquant à la fois le protocole de la photographie documentaire et la référence systématique dans l’histoire de la photographie au tir, est un projet focalisant à la fois sur l’importance sociale et symbolique de l’arme en corse, tant au niveau culturel que militant (les premières revendications modernes du nationalisme se faisant au fusil de chasse), ainsi que la figure contemporaine du passeur : le chasseur. Mais, pas si loin de cette approche matérialiste, il a s’agit de renouer avec la tradition du mazzeri (ou lanceri), une figure chamanique dont les premières apparitions dateraient du pré-Néolithique voire du Mésolithique, donc dès l’arrivée des premiers habitants de l’île, trouvant son origine dans le culte des mort.e.s estimé à partir de -7 000 avant l’ère chrétienne. Ce personnage complexe sujet à autant de variations qu’il existe de village, surnommé « Chasseur.se d'âmes », part tuer en rêve le mort à venir. Du Ball Trap Club Valincu, où surgit une nouvelle utilisation de l’arme cette fois sportive, nous pouvons lire en arrivant : “hè meddu un fucilu cintu ch’a pistola à a cinta”. 


« Au moment où il a appuyé sur la détente, il a éprouvé le sentiment fugitif, mais inoubliable, que le fusil et la cartouche étaient un prolongement de lui-même, exactement comme si l’un de ses doigts pointé en avant se fût indéfiniment allongé et, avec une sûreté infaillible, eût touché l’oiseau… Il ne fait qu’un avec son fusil… C’est avec un fusil devenu vivant qu’il ne fait qu’un, avec une cartouche ou une balle devenue vivante et fusant vers son but. Et la réalité est plus complexe encore. Car c’est aussi avec le but, le gibier qu’il ne fait qu’un. Il n’aurait pas tiré tout à fait de la même manière s’il avait reconnu une perdrix ou un ramier. Un millième de seconde, il a été ce merle » — G. Delmain

Tirages, format variable
2022




“Cette image de Yan Leandri appartient à une série consacrée aux tireurs de ball-trap, tous représentés de dos. L’artiste choisit de montrer ces figures dans une posture d’attente et de concentration, tournées vers l’espace dégagé où se déroulera le tir. Ici, le corps anonyme, vêtu d’un simple survêtement et campé sur un tapis de fortune, est saisi dans un moment suspendu, entre immobilité et action imminente. Le noir et blanc accentue la sobriété et la frontalité de la scène. Rien ne détourne le regard de cette silhouette solitaire, inscrite dans un paysage de maquis rocailleux. Mais le cadrage de dos introduit une part de retrait : le spectateur est tenu à l’écart du visage, du regard, de l’expression. Ainsi, malgré l’apparente clarté documentaire, l’image ne se livre pas entièrement. En adoptant ce dispositif tout au long de la série, Yan Leandri souligne que photographier ne signifie pas donner accès à une vérité totale. Ce qu’il montre, ce sont des postures, des gestes, un rituel partagé ; ce qu’il retient, c’est la dimension intérieure et invisible de l’expérience. C’est dans cette tension entre précision descriptive et opacité que se construit la force de cette représentation.”
Fabien Danesi, exposition À leur image, novembre 2025-avril 2026
Mark


PER CORPO RIBELLE LASCIAI IL MIO DIO OR PIANGI CUOR MIO LA TUA CECITÀ.