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  6. Fucilu Cintu

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  2. Omphalos
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  1. Méta-Jardin
  2. Rheûma


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Insularité
  1. Espace délimité (cadré) conceptuellement et/ou sensiblement. Il définit nécessairement une rupture, un intervalle, une polarité et un seuil. Son habitation vaut comme endémique. [Le corps, l’île, la ruine, l’atome.]
  2. Vecteur plastique pouvant être à la fois ligne, surface, volume, et temps.
  3. Mode de résistance.s et/ou de conflictualité.s.

Image
  1.  Surface profonde dynamique qui maintient des objets dans un système de forces. Elle peut-être provoquée ou spontanée.
  2. Espace morphologique dont les oscillations d’intensité définissent une plasticité, plus ou moins dynamique.


Archipelité
  1. Complexe corpusculaire, dont la liaison se fait par isthme. Sa limite d’action dépend de la définition du foyer (au sens optique) et de son réseau.
  2. Ensemble conceptuel et/ou sensible.[L’atlas, l’archive, la constellation, le peuple.]





Mark




Infurmazioni
a grana è u scoddu



Partant du village de Granaccia, mon travail de recherche-création est ancré sur le territoire corse : à la fois son principe insulaire, son histoire mondiale et ses croyances, qui se regroupent dans le lien entre image et insularité à travers l’épreuve de la résistance. J’étudie ce lien centré sur la notion de peuple et la pensée magico-religieuse, m’amenant à me concentrer sur le récit par l’étude démologique du territoire, du culte des morts au chant. Mais si je pars de l’image, la question étudiée est bien la formation des réseaux du pouvoir qui y opère.

Porté par la conceptualisation photographique héritée de l’économie incarnationnelle dans le christianisme, je questionne les processus d’intensification des pratiques religieuses, liturgiques et magiques qui adhèrent à l’image occidentale. Ces recherches trouvent leur forme dans la proposition archipélique, où chaque pièce se définit, dans le parcours, par le réseau noué avec les autres pièces. Mêlant installation, photographie, performance, vidéo, archives, etc, il revient alors de trouver la structure commune, guidé par le texte, qui nous permet d’arpenter ce champ de puissances. Car il s’agit bien d’arpentage dans les différentes strates présente dans l’image qu’il nous faut lever et réactiver, guidé par la lecture double des signes qui nous parviennent : tout est signe à qui sait le lire, à quiddi chì sò cegniti (chì cunnoscenu u cegnu).

Créer en Corse, c’est tenter d’analyser l’imaginaire insulaire : dans le rapport de puissance entre vision magique et langage opératoire, dans une tradition sacrée de la création sacrée basée sur l’effectivité miraculeuse, sur une terre où survit un culte des morts chamanique à travers le mazzerisme et le signadorisme. Une terre de cristaghji, nom donnés à ceux qui façonnent le Christ, attribuant à l’image une valeur d’intercession, communicante et douée de vertus proche de l’animisme, et, à l’artiste, une position de passeur. Une terre où la plasticité du récit profane ne se formait que par le chant, imposant l’importance du langage dans mon étude. Car, de tout cela, c’est bien la mémoire qu’il s’agit de questionner et de négocier, de la pierre au souffle, à contre-sens des principes qui structurent la grande Histoire occidentale. Et dans le secret surgissent les discours militants, particulièrement présent depuis le Riacquistu, et dont il nous revient de toucher la pierre d’angle pour à chaque fois interroger le fondement structurel qui porte à la résistance. Le sacré résiste alors à son tour dans l’image, dans la pensé de l’opérativité et de l’initiation.

Mes recherches sur la puissance aboutissent à la réactualisation du rituel magique au sein de la pratique artistique par le travail de la latence (aléthéia) comme mode de résistance au dévoilement, le maintient de l’obscurité face à la lumière éblouissante des structures fascisantes, obscurité qui nous permet de voir les lucciole pasolinienne. C’est donc une production curatrice et de la préservation qui se lit par le prisme de l’opérativité et de l’effectivité, mais aussi, encore, dans la résistance. Par la transmission initiatique se faisant dans l’ombre émerge un contre-pouvoir à la norme institutionnelle et à la sécularisation impérialiste, formant une réflexion sur les infrastructures socio-politiques dominantes qui portent l’image dans ses capacités à conquérir, surveiller et punir, car interroger l’image, c’est aussi interroger le pouvoir qui la structure. L’imaginaire contemporain corse gagne en intensité par un territoire qui se veut être l’espace circulaire du passage, entre les mondes, entre les plans, entre les entités : un espace du sacré et de la rémanence, de la hantise et de la résistance, du lien et du soin.


« Toute parole est une terre 
il est de fouiller son sous-sol 
où un espace meuble est gardé 
brûlant, pour ce que l’arbre dit
 »
Édouard GLISSANT, Poèmes complets, 1994


« L'esprit donne l'idée d'une nation ; mais ce qui fait sa force sentimentale, c'est la communauté de rêve. »
André MALRAUX, La Tentation de l’Occident, 1926


Après un parcours universitaire à l’Università di Corsica, à l’Université de Nîmes et l’Université Paris 8 | Vincenne - Saint-Denis, je suis actuellement en année de césure à l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles.
Je suis membre d’U Scoddu, collectif travaillant la valorisation du patrimoine du Sartenais et de la Rocca. Il se compose de jeunes sartenais.e.s travaillant l’architecture, l’anthropologie et l’art, attentif.ve.s à la question du vernaculaire et du paysage bâti.