WIP
2022 —
Travail sur le lieu de Curtina, à proximité du village de Granaccia, en collaboration avec Léna Besson
Curtina était il y a quelques années encore la demeure de Georges Santarelli, un ancien fonctionnaire de l’administration coloniale en Abidjan. Il y vivait seul. Âgé et gravement malade des suites d’une maladie attrapée dans les colonies, il décède en 2021. Georges n’avait pas d’héritiers, et fait le choix par amitié de léguer le domaine à la famille Leandri, qui en hérite alors Nous sommes ainsi devenu.e.s en quelque sorte les héritier.e.s de Georges, en nous occupant des objets qu’il laisse derrière lui. Nous avons commencé nos recherches par une première découverte : des carnets entiers de photographies de la maison, avec le même cadrage. Cependant, des histoires autours de finzione (des apparitions) dans la maison et sur le terrain nous sont parvenues avant notre arrivée, et de jour en jour, nous avons voulu saisir la charge de ce lieu. Pour cela, nous avons demander à Liviu Leandri de venir l’étudier avant que nous l’habitions. Ainsi, si le projet a commencé par une grande recherche dans la grande masse d’archives et d’histoire, il a aujourd’hui pris forme dans une recherche vidéographique en lien avec le chamanisme corse et les croyances mazzériques.
Finzione
WIP
Résidence pour Corscia Luce
Collaboration avec Léna Besson
Résidence pour Corscia Luce
Collaboration avec Léna Besson
2025
Recherche pour le tricentenaire de la naissance de Pasquale Paoli autour de sa double hantise : la démocratie si peu advenue et les dons de voyance voire mazzeriques.
De Pasquale Paoli nous parvient un double héritage imaginaire. Tout d’abord politico-historique, celui du Babbu, général qui portera les prémices des démocraties modernes, dont le régime et les réformes, inspiré de Montesquieu et Rousseau, inspireront à leur tour les constitutions démocratiques européennes, revalorisant l’exercice de la justice et de l’éducation comme mode d’émancipation, la séparation des pouvoirs et Le l’affirmation du concept de citoyen-soldat. Une figure martyre, qui après la défaite sera exilé dans cette Grande-Bretagne qui trahira ses espérances vis-à-vis d'un Royaume anglo-corse. Citons ensuite un deuxième héritage, cette fois magique, qui nous est transmis dans les récits de James Boswell par son journal : un homme doué de rêves prémonitoires (les mêmes qui seront attribués à Napoléon), entouré de ses nombreux cani corsi omarecci, qui feront émettre des hypothèses autour de possibles capacités mazzeriques dignes des grands chefs antiques, issu d’un peuple rapproché de ceux des îles Grecques dans lequel a survécu les germes de la Liberté. Car rappelons que c’est dans la même période qu'émergent les théories de Jean-Jacques Rousseau autour d’une nature sauvage qui porterait l’essence de ce qui fait l’Homme avec des oppositions conflictuelles entre nature et culture, ainsi qu'une période de grande revalorisation de la liberté à travers un imaginaire des peuples antiques et de leurs penseurs. Et c’est bien ce dialogue d’une double nature qui fera de Paoli un personnage quasi mythique, dont les descriptions littéraires des différents voyageurs anglais seront inspirées des récits antiques à des fins bien politiques.
Scuccolu
WIP
2024
Recherche sur le chant à partir des archives vidéos nous parvenant de la volonté de certains chercheurs de documenter une culture menacée de disparaître.
Regarder ces vidéos aujourd’hui permet de questionner le changement de statut qui s’est opéré entre les différents gestes d’enregistrement, où chaque prise de vue montrait déjà une peur de la disparition. On a pu retrouver chez certains amateurs ou collectifs cette volonté récemment qu’ont porté notamment Omi è Lochi, Petru-Pà Gori ou le CMT Corse.Donnant le nom de Scuccolu à cette ensemble, je ramène cette documentation musicale à la perception christiano-chamanique de la mort en corse, jusqu’à la malamorte (mort violente). Les vidéos sont présentées avec un ralenti qui nous arrête beaucoup plus sur les gestes que la musique devenue inaudible. Une certaine violence de ce ralenti qui nous ramène presque dans le rythme et la gravité au voceru, le chant mortuaire normalement entonné par les femmes.Mais notre perception également perturbée par la qualité des archives, nous demandant comment appréhender cette documentation une fois la lecture de ces images devenue impossible, et si cette obsolescence programmée contre laquelle lutte cet archivage n’est pas déjà en marche ? N’est-ce pas là une certaine fatalité que l’archivage annonce déjà, ainsi que les questions autour de la survie de certaines cultures dans ue mondialisation globale, et que peut-être que se pose la question d’un Riacquistu qui n'a jamais trouver sa résolution de crise malgré la coexistence avec la militance politique et clandestine.
Les deux avions
WIP
2022 —
Travail autour de deux accidents d’avions qui ont marqué la mémoire collective : la Caravelle d’Ajaccio-Nice en 1968 et le DC-9 YU ANA en 1981.
Posant la question de l’impossibilité du récit, ce traitement amène alors la problématique du signe dans l’île, à la fois à travers la notion de langage et la conception du secret d’état dans un territoire revendicatif. Car ces deux avions correspondent à des moments de forte tension politiques et culturels entre la Corse et la France, et donc une redéfinition du système de gouvernance. J’utilise alors l’image d’archive, les rapports du Bureau d’Enquête et d’Analyse (BEA), des témoignages, des reconstitutions et mes propres prises de vue. Ce projet prend donc à la fois la forme de l’enquête, mais bien plus pour interroger la survivance de la mémoire plutôt qu’une investigation autour de l’avènement de ces accidents, chacun dans une direction différente : entrante et sortante. Car ce qui retient mon attention est cette certitude : ces deux avions ont fait face aux symptômes de l’insularité.
Omphalos
WIP
2024
Recherche autour de l’insularité circulaire et son principe déambulatoire dans l’effectivité rituelle
Les Grecs connaissaient l’île [nésos] en opposition au continent [èpeiros] mais ils n’avaient pas de mot désignant le concept d’insularité. Alors, ce concept, ils le définissaient en métaphore à partir du bouclier, de la surface son dôme central élevé, le cuir en périphérie vers le bord et l’encerclement qui la tend. Le concept d’insularité procède donc pour le Grec d’une série d’images qui ont entre elles des liens d’analogie : l’île, le nombril, le bouclier, la coupe ” [Sylvie Vilatte], mais aussi roue, mamelle, tour, tumulus. Il y a dans la pensée de l’insularité une ontologie focalisée sur le principe la structure atomique, cellulaire et cosmique. L’île est désignée par le rapprochement avec le nombril [omphalos], qui est également un bétyle, une pierre sacrée située dans le temple d’Apollon à Delphes considérée comme le centre du monde. L’[omphalos] est entouré de bandelettes et dévotement arrosé d’huile, il se dresse près du [chasma], et sur lequel s’assoit la pythie qui va prophétiser ; c’est un symbole de la puissance fécondante de la terre, dépassant même le monde matériel. Dans le catholicon de l’église du Saint-Sépulcre à Jérusalem, un vase de marbre rose contient une pierre ronde marquée d’une croix également appelée [ omphalos].