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Gorgo / 2024

Photographie infrarouge, tirage jet d’encre, 41x 80 cm


Dans l’image cette fois, des poussières blanches de lumières capturées par le capteur infrarouge de ces spectres de rayonnements invisibles à l’œil. La pelliculle qui se dépose n’est plus ces halogénures d’argents noircis par le soleil sur le film, mais quelques faisceaux émis par la lune qui apparaissent de nuit tandis que les yeux ne voient plus. Ce spectre de lumière que verraient seulement les mazzeri selon certains témoignages, de ces yeux qui voient au-travers, des plans, des corps, des âmes. La Gorgo c’est elle, reine de la Corse, celle qui fige, qui fixe, qui pétrifie, comme la photographie.


“Comme pour accentuer cette atmosphère d’inquiétante étrangeté, la famille allume des bougies autour du défunt et clôt les volets de sa demeure pour que le jour n’y pénètre pas. On a aussi fermé les yeux du mort pour qu’il ne puisse pas regarder ses parents sans les voir, deviner leurs secrets qui ne peuvent plus se garder puisqu’ils sont « re-gardés « par ce mort. En effet, la plupart des insulaires croient au don de double vue de ceux ayant perdu la vision des choses terrestres. D’où la précaution supplémentaire de voiler les miroirs, et toutes les surfaces réfléchissantes, afin de faciliter le départ du spirdu, double de l’âme, qui risquerait de se prendre dans les reflets de ces miroirs.”

Marie-José LOVERINI, “Corse, l’île des deuils impossibles”, Études sur la mort 2012/2 (n° 142), pages 145 à 156, L’Esprit du temps

Mark


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