Photographies,
tirages argentiques 24 x 30 cm
tirages argentiques 24 x 30 cm
Depuis 2021
In li monti di Cuscionu (ou Sù li monti di Cuscioni, ou Nelli monti di Cuscionu ou Nanna di u Cuscionu) : berceuse traditionnelle comportant plusieurs variantes, relevé par Félix Quilici puis Canta u Populu Corsu.
Un des premiers grand impact structurel sur la perception du territoire corse par celleux qui en sont natif.ve.s a été celui apporté par le Plan Terrier, un relevé cartographique du territoire créant une division de l’espace juridico-administratif en unités comptables, en rapport avec la définition nouvelle de la société conçue comme une collection d’individus à transformer. Il bousculera un équilibre passant par l'oral, la transmission familiale et un système de mesures issus d'une élaboration sociale séculaire, vernaculaire. En Corse, comme en Sardaigne les évaluations de longueur, de distance ou de surface, étaient souvent faites en temps (ghjurnata = journée), selon l’effort à produire pour la transformation à effectuer, c’est-à-dire d’une manière forte imprécise et variable selon les lieux, les hommes, dans un rapport quasi-systématique au corps : on est dans une mesure par le relationnel entre l’objet et l’intervenant. Ainsi se pose cette étude durant les estives du lieu dit de Chiralbedda située sur le plateau du Cuscionu, un plateau encore très fréquenté situé entre 4 communes (Quenza, Auddè, Serra di Scopamena et Zicavu) où transhumaient près de 150 familles au XIXe siècle, dont certaines habitants le village de Granaccia dont ma famille qui y vit depuis le XVIIIe. Travaillant l’occupation du territoire et ses changements, à partir de récits familiaux, il s’agit d’expérimenter une forme de recueillement à travers l’appareillage contraignant de la chambre photographique 4x5” — et toutes les opérations nécessaires à l’obtention d’une image — pour étudier ce rapport au temps propre à ceux qui vivaient sur ces montagnes.
