Ensemble réalisé pour la couverture du catalogue “Roma Amore” Biennale DE RENAVA #2
500 instantanés 54 x 86 mm, prise de vue par Léna Besson
© Maylis Poiget
Collection de 500 catalogues
Édition limitée avec couverture unique finie à la main
Photographies instantanées par Yan Leandri - prise de vue Léna Besson
Prière corse du feu écrite au dos de chaque photographie par l’artiste
Trilingue : Corse, Français et Anglais
296 pages
Textes : Prisca Meslier, Dumè Marcellesi, Basile Isitt, Diadora Dolfi, Léna Serru
Photographies : Léna Serru, Maylis Poiget, Félicia Sisco, Florent Biancarelli
Graphisme : Léna Serru
Parler de la chute des Empires nous amène à questionner celle des structures immatérielles et leur survivance — leur vie post-mortem —, et ce pour faire face aux pertes de la transmission générationnelle, faire face à une jeunesse en recherche de ses repères. L’artiste reprend alors une prière (pricantula o incantesimu) de conjuration du feu trouvée durant ses recherches, qu’il applique de manière performative à plusieurs modes de guérison répartis en « tableaux » photographiés par un procédé instantané. Cependant l’artiste constate son propre manque : cette prière n’a pas respecté la transmission de la veillée de Noël apprise près du feu et a été révélée dans un livre, de fait celle-ci ne serait pas active, du moins aussi puissante car dévoilée. Il s’agit donc tout à la fois, durant cette performance, de tenter de réactiver cette prière prononcée de manière répétée jusqu’à épuisement, puis inscrite et dissimulée derrière chaque instantané, afin de questionner les processus d’intensifications et de canalisation du réel qui se base sur la relation voilement / dévoilement. Car la révélation d’une des prière derrière les 500 images ferait échouer cette tentative d’activation, qui a besoin de la dissimulation pour garder son intensité.
Cet ensemble de 500 instantanés se veut à la fois support et restitution d’un ensemble d’acte performatif de l’épreuve de plusieurs modes de conjuration du feu (à la fois l’incendie et la brûlure) mais aussi de conjurations par le feu (du charbon à la cendre jusqu’au tir). Chacun des instantanés devient un témoignage parcellaire de cette épreuve de l’artiste par — et parfois sur — son propre corps : un rituel auto-réalisé questionnant le glissement de la perception magique, le lien entre entre mage et image, et les supports de sensibilité. Ainsi, interviennent tour à tour des pratiques de guérison et de conjuration, profanes et magiques. Pourtant, ces actes demandent un retour au fil de l’histoire : le tournant cyclique de ce projet surgit à l’interprétation de la description de R. MULTEDO de l’invocation du dernier mort comme de conjuration de l’incendie, dont l’artiste en fait référence évidente à la mort d’Yvan Colonna et des émeutes de février à mars 2022 qui furent la première manifestation d’ampleur d’une jeunesse en crise de sa propre voix, et qui alors refusé le jeu politique qui l’étouffait. Son portrait, devenu le symbole martyr d’une lutte, est montré à travers un écran, le faisant à la fois figure de feu et de cendre. Lié à cette résurgence de la violence, le feu évoque également celui des tirs qui à la fois se veulent célébration, résistance, éloignement rituel des morts et revendication armée. car dans la culture corse, le feu se veut être une porte entre les mondes par lequel nous interagissons avec les morts particulièrement durant Noël (V. LARI) avec lesquels nous échangeons le vin et le repas ; et enfin, d’illumination.