Mizar / 2024
Installation, tirage transparent sur caisson lumineux, 60x70cm
Mizar est le nom de l'étoile à présent approuvé par l’Union astronomique internationale (UAI). Il provient de l’arabe مراقّ الدبّ الأكبر Marāqq al-Dubb al-Akbar (« le Bas-ventre du Grand Ours »), qui s’inscrit dans le cadre de la représentation grecque reprise par les astronomes arabes au IXe siècle. Arriver de ce nom à Mizar résulte de la combinaison de deux phénomènes. Le premier est une explication erronée du philologue Joseph Juste Scaliger (1579) qui voit de façon curieuse dans le terme mirac utilisé par Gérard de Crémone pour décrire la situation de cette étoile, l’arabe مئزار mi’zar, « vêtement », ce qui est repris comme un autre nom de ε UMa, à côté deMirach dans l’Uranometria de Johann Bayer (1603). Le second est le déplacement injustifié de ce nom vers ζ UMa par Johann Elert Bode dans son Uranographia (1801). C’est après lui que ce nom pour ζ UMa passe dans les catalogues du XIXe siècle et, relevé par Richard Hinckley Allen17, il finit par s’imposer au détriment des autres formes.
Pensons alors, encore dans la pensée magique, que le rituel pour enlever l’ochju se fait lors de la veillée de Noël, au solstice, mais entrer dans le monde magique n’est pas sans risque : le ou la candidat.e mourra avant son initiateur.ice s'il ou elle manque de fatigue ou est assoiffé.e : nè settu nè sonnu (ni soif ni sommeil). Roccu Multedo nous fait le récit d'un homme disant qu'il fallait pouvoir compter les étoiles : “on doit, avant la récitation (de la prière contre le mauvais œil) compter treize étoile en commençant par la Grande Ourse. De toute façon, à Paris, on ne voit jamais les étoiles ” (M. Angelo Rinaldi).
Cette réciprocité constellatoire des yeux qui se forment dans l’assiette et des étoiles dans la nuit nous questionne quant à la puissance du regard dans la pensée magique corse. Dans cette image de Mizar, le spectateur fait face directement à ces “trous” dans le tirage faisant parvenir directement la lumière provenant de la torche, questionnant les propres conditions d’activation de son regard, sa propre puissance.