Orazione / 2023
Ensemble de 100 plans films 4x5 inches latents, 100 châssis en fer blanc suspendus
15,1 x 10,8 x 1 cm, 83 grammes par boîtes
99 latentes, 1 voilement
Ce projet est un travaille autour de la mémoire du village de Granaccia, notamment de ma lignée au sein de la famille Leandri, interrogeant la question de l’archive, de son poids, de sa place dans une culture à héritage judéo-chrétien pourtant porté par des croyances magiques encore très fortes. Comment questionner la circulation des visibilités dans une région dont l’image a trouvée une de ses premières importances historiques dans la carte postale, destinée autant au voyageur qu’à la diaspora à laquelle on écrit, jouant comme une activation à distance du territoire. Mettre en lien cette visibilité itinérante avec la question de la colonisation nous met face à un dilemme : est-ce que montrer, c’est déjà coloniser ou du moins y participer ?
Le village de Granaccia n’a jamais eu sa carte postale, pourtant n’échappe pas à l’actualité immobilière. Utilisant le principe de l’orazione et de l’histoire de l’art, réutilisant parfois des images issues d’autres séries pour interroger mon propre fond, je questionne les glissement de croyances, les registres d’intensité qu’à acquis l’image en même temps que se commence à disparaître les rites magiques et pieux, et vit dans l’image sous le nom d’aura. Je reprends donc le principe de l’orazione, un scapulaire destiné à protéger le/la porteur.se, réalisé durant a Sant’Antone di e chjarisge (Saint Antoine de Padoue). Quiconque ouvrait le contenant (une corne, une bourse, une plaque de métal) afin de découvrir le contenu (un objet béni, une prière, un charbon, …) maudissait l’être protégé.
Par ce premier geste comparé, il s’agit de reprendre contrôle de la visibilité du village de Granaccia. Cependant, loin d’en faire une visibilité circulante, j’en fais une mémoire fermentée, à l’abri du regard et de la lumière qui agit alors comme une protection à cet historique du contrôle. Par ce geste centré autour du principe de la latence comme puissance, je questionne en même temps les glissement de croyances, les registres d’intensité qu’à acquis l’image en même temps que commencent à disparaître les rites magiques et pieux au XIXème siècle, et pourtant revivent dans l’image que l’on peut décéler sous le concept d’aura.
Aux 100 orazione répond cette carte postale unique, et ainsi commence ce projet.