Scuccolu

Ensemble de vidéos
2024 —


Scuccolu : (ou scuoccu)
1. Bruit guttural que l’on émet auprès de la personne dans l’espace public, mais aussi le fait de sourire, de toussoter en face d’un homme offensé, le chant ou l’air d’une chansonnette ou d’un voceru et dans certains cas d’un violon ou d’une corne. Il annonce le déclenchement prochain d’une vendetta de manière officielle, avant le rimbeccu.
2. Cri strident destiné à réveiller la peur devant la mort dans toute l’assistance pendant les cérémonies funèbres.
3. Rejet de mépris d’une femme à qui on fait la sérénade. Souvent, la conséquence de l’homme blessé sera d’attacar a donna (fait d’attaquer la coiffe (scuffia) ou le visagge d’une femme sur la place publique qui correspond à un viol symbolique et la laisse déshonorée (sfacciatta), ce qui vaut très souvent comme une déclaration de vendetta).



« J’ai bu dans le tambour et bu dans la cymbale ; j’ai appris le secret de la religion. » — Initiation au culte de Mithra





Riverbula, 32:28 min, sonore (photogramme) 



Ce projet est une réactivation d'archives vidéos nous parvenant de la volonté de certains chercheurs tel que Félix Quilici de documenter une culture alors en sous-représentation menacée de disparaître, en allant enregistrer autour de fucone. Regarder ces vidéos aujourd’hui permet de questionner le changement de statut qui s’est opéré entre les différents gestes d’enregistrement, où chaque prise de vue montrait déjà une peur de la disparition. On a pu retrouver chez certains amateurs ou collectifs cette volonté récemment qu’ont porté notamment Omi è Lochi, Petru-Pà Gori ou le CMT Corse.

Donnant le nom de Scuccolu à cette ensemble, je ramène cette documentation musicale à la perception christiano-chamanique de la mort en corse, jusqu’à la malamorte (mort violente). Les vidéos sont présentées avec un ralenti  qui nous arrête beaucoup plus sur les gestes que la musique devenue inaudible. Une certaine violence de ce ralenti qui nous ramène presque dans le rythme et la gravité au voceru, le chant mortuaire normalement entonné par les femmes.
Mais notre perception également perturbée par la qualité des archives, nous demandant comment appréhender cette documentation une fois la lecture de ces images devenue impossible, et si cette obsolescence programmée contre laquelle lutte cet archivage n’est pas déjà en marche ? 

N’est-ce pas là une certaine fatalité que l’archivage annonce déjà, ainsi que les questions autour de la survie de certaines cultures  dans ue mondialisation globale, et que peut-être que se pose la question d’un Riacquistu qui n'a jamais trouver sa résolution de crise malgré la coexistence avec la militance politique et clandestine.