Tabaâ / 2024
Tirage jet d’encre, 30 x 50 cm, 2024
Tirage jet d’encre, 30 x 50 cm, 2024
“Sur son visage elle portait la photographie. Elle l'avait tant priée qu'elle en avait été marquée à vie, et elle continuait, en cachant ses images parce qu'il n'y avait qu'elle pour y voir un intérêt. Elle avait choisi son appareil pour apprendre à se prosterner, et en même temps, détourner le regard et redresser le monde, depuis sa surface. Elle refusait le prisme qui jouait de reflets. Il fallait que l'image se donne par contact. Et dans le temps, elle y voyait leur lente contamination ; dans l'attente, comme si l'humanité se condensait dans ce visage et le monde dans ce paysage. Le plus dur, c'était ceux qu'elle aimait. Elle s'en était séparée à chaque fois après les avoir photographiés, ces morituri. Alors, elle se demandait si l'image ne s'était pas retournée contre elle. Si cette tentative de la fixer, de la contrôler, de la ramener à soi, par conflit, avait maudit son existence. Dans la séparation, elle gardait l'image et y accrochait un texte, comme un sort, elle écrivait pour la retenir, la regarder encore. Deux poupées inexpressives dans leur plus grande émotion. Mais aucun intérêt de la montrer. Désormais, elle ne fera que des autoportraits : elle fera face seule, le déclencheur en main, seule, et trouvera la formule, seule, et pleurera seule, de l'intérieur, son chagrin.
Elle avait tant pleuré ces images, la tâche était devenue une île.” — Tabaâ, strattu mimoriu di ricerca.