Ensemble de pièces,
installation archipéique
installation archipéique
2022 —
La photographie a longtemps été définit une absence, dont il nous faudra restituer un spectre d’intensité, très inspiré par le registre de l’image reliquaire, miraculeuse et l’image achiropoïète. Quand vient la prise, la suspension de matière vaut comme une fixation.
La photographie a longtemps été définit par la certitude d’une absence, effective ou anticipée, dont il nous faudra restituer un spectre d’intensité, très inspiré par le registre de l’image reliquaire, miraculeuse et l’image achiropoïète, justifié par les théories de l’optique. Quand vient la prise, la suspension de matière vaut comme une fixation, d’un corps de chair en un corps en particules fines ; puis la donnée fera se poser la question de ce contact jusqu’à avancer la fin d’un processus. Or, comment penser cette absence dans une culture pensant le monde par croisement des plans : celui des vivants et des morts ? La visibilité en Corse n’est pas à éloigner de la pensée mazzerique : une forme de chamanisme corse issu du culte des morts. Si aujourd’hui on pense le mazzerisme à travers les chasses nocturnes rêvées ou somnambuliques de personnages passeurs dotés d’une hypersensorialité, il n’est pas à séparer de la pensée de l’ochju, dont la guérison par les signadori dépend de pouvoirs chamaniques à l'origine commune mais désormais séparés. Car dans l’ochju, c’est la pensée d’un pouvoir qui survit dans le sort de la jettatura, la pensée d’une puissance dans la visibilisation. Ici, cette pensée est étudiée à travers a petra uchjata (la diorite orbiculaire) dont le gisement se situe à Santa Lucia d’Attallà, quasiment épuisé par pillage. Regardons cette pierre où germent les yeux pers, le glaukós d’Athéna, l’éclat rayonnant, et questionner la puissance du regard dans une culture magique, des mazzeri aux yeux qui se forment dans l’huile d'a razione. À notre tour d’étudier les spectre de l'invisible.