In li monti di Cuscionu
[mesure du temps]

Tirages argentiques noir et blanc brillant, 
24x30 cm avec marges
2021 —


« Il est bien connu, d’ailleurs, qu’en Corse naguère, comme en Sardaigne, les évaluations de longueur, de distance ou de surface, étaient souvent faites en temps, c’est-à-dire d’une manière forte imprécise et variable selon les lieux, les hommes, etc. ; ce temps étant, par exemple, la durée de l’effort demandé pour labourer une surface. Selon la nature du terrain, mais aussi la complexion du laboureur, una ghjurnata n’a pas les mêmes dimensions. La mesure, ici, est dans une relation où le mesureur ne peut pas séparer du mesuré. L’imprécision est précisément la mesure de cette présence du premier dans le second. »
Max Caisson








En Corse, comme en Sardaigne les évaluations de longueur, de distance ou de surface, étaient souvent faites en temps (ghjurnata = journée), selon l’effort à produire pour la transformation à effectuer, c’est-à-dire d’une manière forte imprécise et variable selon les lieux, les hommes, dans un rapport quasi-systématique au corps : on est dans une mesure par le relationnel entre l’objet et l’intervenant. Ainsi se pose cette étude du lieu dit de Chiralbedda sur le plateau du Cuscionu, où transhumaient les habitants du village de Granaccia où vit ma famille depuis le xviiie. Travaillant l’occupation du territoire et ses changements à partir de récits familiaux, il s’agit d’expérimenter une forme de recueillement à travers l’appareillage de la chambre photographique 4x5” pour étudier ce rapport au temps propre à ceux qui vivaient sur ces montagnes. Ce lieu dont est issue cette nanna, une berceuse, qui nous conte les modes de vie de ses habitants, et ses espoirs.